Il me l’avait bien dit, janvier était marqué par cette nouvelle, à la fois bonne et mauvaise, ce projet qui allait lui prendre tout son temps.
Le temps d’hier déjà, le temps de ce matin un peu, le temps de ce midi, surtout.
Mais c’est pas grave, je l’aime.
J’essaye de mettre des mots sur mon amour. Lui qui change chaque semaine depuis 5 mois. J’ai peur de m’y perdre plus tard si j’emploie toujours les mêmes mots.
Alors, au début, l’avantage était que nous nous étions restreins, tant sur les gestes que sur les mots. Qu’un premier échange de « je t’aime » nous avait envoyé dans les cieux, sur des nuages. Rares et précieux, comme nos rencontres, j’en usais avec parcimonie, différenciant chacun, trouvant la teinte de chaque pour en tapisser l’alcôve mémorielle qui abritait le souvenir.
Mais 5 mois, ça commence à faire beaucoup de souvenirs, et j’ai comme l’impression d’être arrivée au bout de la parcimonie des gestes et des mots.
Des gestes, pas tout à fait, puisque l’on ne se voit pas à loisir, la preuve encore ce midi. La preuve jeudi dernier. On a encore beaucoup de choses à découvrir sur les gestes. Qui sait. La petite mort m’attend-elle ?
Mais sur les mots !
J’ai envie d’écrire « je l’aime » à tous les coins de rue, à chaque fois que je l’ai en ligne, à chaque fois que je lui laisse un message asynchrone. D’en remplir l’espace, pour représenter combien cet amour me comble. C’est au delà de la simple confiance en moi ( mardi dernier « non, c’est pas ça le texte » ), au delà de l’euphorie ponctuelle. C’est constant et c’est grandiose.
Je crois que je ne m’étais pas vraiment autorisé avant à l’aimer autant, que ce n’est pas seulement une histoire de réduire les mots pour en garder la force, c’était aussi réduire les mots pour réduire la chute éventuelle. Il y a longtemps que je dis qu’il n’y aura pas de chute. Je crois bien que c’est depuis jeudi dernier que la dernière parcelle d’irréductible a été convainque de cela.
Quoique, à retourner ça dans ma tête, il y a bien une expression qui me chagrine « je ne l’ai jamais autant aimé ». C’est comme « Je n’ai jamais été aussi amoureuse de ma vie »
Pourquoi des superlatifs, absolus, et pourquoi cette idée de quantité, de mesurable. Non, mon amour n’est pas mesurable. Il n’est pas plus grand depuis jeudi qu’il n’était avant. Il a juste besoin de plus s’exprimer. Et oui, je n’ai jamais été amoureuse comme cela auparavant, tout simplement car c’est la première fois que j’expérimente, que je vais aussi loin avec deux hommes, et que comme le soulignait très bien je ne sais plus quelle polyamoureux, c’est bien l’amour du premier qui permet le second, c’est grâce à lui que l’on s’autorise à aller au delà.
Bref, c’est nouveau pour moi, et j’y prend vraiment goût !