Il est resté dormir à la maison.
Toute la nuit, je l’ai eu contre moi. Sa main dans mon dos, puis sur mon ventre, sur ma cuisse.
Ce matin, il était plein de gestes tendres, encore plus qu’hier.
Caresse mon visage, ma gorge. masse une cheville.
Je me laisse emporter par le plaisir. Glisse mes doigts dans ses cheveux. Pas de recul ? Je continue. C’est le plus audacieux que je me suis permise.
J’ai envie de lécher, de mordre, d’embrasser, d’embraser, de faire naître le feu du désir.
Mais j’en reste à son positionnement.
Il a besoin de temps pour savoir ce qu’il veut.
et il a raison.
Déjà, je me suis émue qu’il cherche le contact, la tendresse.
Contact.
C’est lui qui l’initie, en me prenant dans les bras, hier, et ne cherche pas à s’en défaire.
Les épaules, les cuisses l’unes contre l’autre, puis les mains, masseuses.
« Je peux m’installer derrière toi ? »
La surface de contact augmente, son dos contre ma poitrine, je l’enlace de tous mes membres.
Sa main sur ma cuisse, sur un carré de peau découvert par la posture…
Régulièrement (mais pas trop souvent non plus), énoncer mon désir, mon envie de nous entraîner vers une sensualité plus libidineuse.
Toujours, sa réponse, claire et calme, son esprit est aligné avec son corps et ses gestes : il n’y a pas d’ambiguïté pour lui. Le contact lui apporte de la sérénité, du réconfort, du bien être.
Mais il ne ressent pas comme moi cette boule d’énergie qui chauffe le bas ventre et mouille mes sous-vêtements.
Il me parle de ses amoureuses, des désirs déchus, des espoirs sur d’autres. Il me parle de sa séduction, de son caractère caméléon, capable de donner (d’être ?) ce que l’autre souhaite.
peut être m’a-t-il donné ce que je souhaitais. J’aime tant le mot qu’il a choisi : compagne ! Et puis ce contact, cette nuit. Ce qu’il pouvait me donner sans que cela lui en coûte. Et y puiser, comme je sais le faire également, le bonheur de savoir donner sans se priver, et d’en profiter également.
Tu vas t’aligner à nouveau. Là, les cubes sont un peu éparpillés, mais tu vas savoir les remettre d’aplomb, je le sais.
« J’aime tes suggestions »
Je l’avais pas imaginé comme une suggestion. Mais une conviction. de la foi. J’ai confiance en toi.
Je t’aime.
Sa séance lui a débloqué les épaules, certes, mais il ne dit pas non au massage que je lui propose à nouveau. Il plie sous mes doigts, ronronnant. C’est pas un fuck-yes, mais je cède à mon intuition, je prends les devant, cette peau m’appelle.
Je l’allonge, et rentre la pulpe de mes doigts sous son T-shirt, écoute les muscles et les tentions, réchauffe de mes paumes.
En profondeur, un chakra vert. Le mien n’est clairement pas sur la même longueur d’onde que le sien, mais les relier quand même.
Compassion.
Oui, je souffre avec toi. quand tu me racontes ta déconvenue d’un jeudi soir « ce week-end ? mais je suis pas là ! », la douche froide que tu as prise alors que son corps était manifeste de désir, et au final la rupture par téléphone. Rompre une relation sexuelle qui suivait depuis décembre la rupture du couple.
Anahata
Compassion.
J’écoute ton cœur, ta colonne, tes omoplates. Leurs voix sont faibles. Je dois faire silence en moi pour les entendre. Ton plaisir est là, dans l’abandon, le silence la pleine conscience. Quand je ne les entends plus, je concentre sur moi, Anahata personnel, le flux vital que m’a fait découvrir Joe Jam : j’aspire par le sacré et émet par le cœur.
Puisse ce flux t’aider dans ta résilience.
J’ai gagné encore un cran d’intimité. Je romps le silence pour reprendre nos verbalisations. L’ambiguïté n’est pas notre amie, ni à l’un ni à l’autre. Dans le corps à corps qui suit, son absence de désir sexuel est toujours aussi patente. C’est probablement pour moi qu’il hésite, prendre soin de moi, me mettre au centre, ne pas générer de frustration.
On ne peut jamais savoir quelles sont les implications, chez l’autre, de tel geste, telle attitude, ou mot. On ne sait jamais. On présuppose juste. On ne peut que deviner. Qu’écouter.
C’est étrange. Son refus de sexe est parfaitement clair, son plaisir beaucoup moins. (c’est probablement lié). Mais il est présent.
Je me pose moi aussi dans ce réconfort, ce bien être de deux corps l’un contre l’autre. Mon érotisme reflue. Je suis bien. Lui aussi. Alors il envisage de prolonger cet état sur toute la nuit : dormir ensemble.
Ce matin, encore, énoncer les manipulations possibles. Car elles ont toujours moins d’influence quand on les a reconnues.
Savoir quoi faire de cette brosse à dent mais me demander tout de même.
« Remporte là, que je ne me fasse pas d’idées » « On est d’accord. »
J’ai peur d’avoir du pouvoir sur lui, de me faire succube, que mon désir s’impose contre son bien être. Alors me contrôler, rester dans le cadre, trouver la jouissance dans trois fois rien, savourer ma plénitude et revenir au partage de tendresses.
« Merci d’être resté dormir avec moi » « Merci de l’avoir permis »
Poser les dents sur sa poitrine, ne serrer que le T-shirt, et lâcher car l’image de me défouler dans ce simulacre a suffit : je n’ai pas à porter l’acte dans le réel.
Dans une relation asymétrique, je le sais mais je ne l’ai pas énoncé (pas la peine de charger ses épaules de plus de responsabilité), c’est celui qui éprouve le moins d’affect qui a le pouvoir.
Il peut me proposer n’importe quoi, j’irais lécher les gouttes qui suintent, j’irais savourer les miettes, je serais toujours là à tenter d’amortir tes dégringolades, me contenter d’une parole affectueuse.
Tu rêvais de l’emmener, la contraindre, la bander : un joli scénario bien préparé. Je rêve que tu désires faire de même avec moi. C’est un rêve qui n’a aucune autre attache à la réalité que la fascination que j’ai pour toi.
Parce que tu es toujours bienveillant, que tu te préoccupe toujours de ne pas être le seul au centre, que ton oreille m’est acquise et pourquoi pas travailler ensemble sur ma posture au travail. Parce que j’ai confiance en toi pour ne pas en abuser, je m’abandonne à ton pouvoir.
Parce que j’ai un lapin qui me rend infiniment heureuse, aussi, que ma sécurité affective n’est pas en jeu. Je m’abandonne à ton pouvoir.
Fais de moi ce que tu veux.
c’est à dire ton amie.
Ce qui ne m’empêchera pas de me répéter intérieurement mon évidence :
Je t’aime.