Pas grand chose à raconter, mais le quotidien, sur un journal intime, c’est important aussi, et puis, on y case des références sur ce qui est normal, que des années après on est bien heureuse de relire !
Donc j’aime Rémi et j’aime passer du temps avec lui. On est allé manger ce midi chez ses parents, avec ses grands parents et son frère. Ya eu un couplet de plus sur la merveilleuse belle-fille que je fais, avec un poil d’auto dérision de la part de Rémi sur le mariage. Oui, il tente l’aventure avec moi, de rester peut être 40 années à cohabiter ensemble. C’est pas obligé, mais ça serait rudement chouette quand même.
Il est tendre et affectionné. Y’a toujours un risque minime qu’il joue la comédie pour sa famille, mais je ne pense pas, je pense qu’il est heureux de cette image que j’ai auprès d’eux, même si elle est biaisée…
Son grand père va beaucoup mieux, il écoute, regarde, interagit, râle que sa femme le laisse pas tranquille. J’ai parlé un peu de la mienne de grand mère, avec ce ton complètement impersonnel, car je ne l’aime pas, et ce n’est pas maintenant qu’elle est vieille que je vais me mettre à l’aimer. Mais bon, je ne lui en veux pas spécialement non plus. Tout ça m’a amené (pendant la vaisselle) à une petite réflexion sur le bonheur de vivre, et sur l’éventualité de demander la mort une fois un certain âge passé. Ma grand mère me l’a dit, deux fois, qu’elle serait mieux morte, que cela arrangerais tout le monde, elle y compris. Je lui ai répondu sur un mode réflexe, « Mais non, il faut pas dire ça » sans argumentation aucune puisque je crains que les bonheurs de la vie de cette vieille dame soient réduit à peau de chagrin, d’autant plus qu’elle n’a plus la mémoire pour imprimer les rares choses qui lui font encore vraiment plaisir comme de voir son arrière petit fils (J’ai trois cousines plus jeunes que moi qui m’ont devancé pour les enfants...)
Sauf que le gros problème de la mort, c’est que c’est irréversible. Et que vu ce que l’on me disait ces derniers jours de l’état de santé du grand père de Rémi, bah j’aurais jamais parié le voir en si bonne forme, et prendre tant de bon temps avec nous.
Essai de résumé :
Le jour ou je ne serais plus capable d’apprendre, où je ne serais plus capable de raconter ce qui m’a précédemment touché, alors, ce jour, même si la médecine est encore capable de me maintenir en vie, cela n’en vaudra plus la peine…
La vie ne vaut que si elle est illuminée de bonheur, et le plus essentiel est celui du partage avec les autres.
Ça me rappelle un autre truc, à la mort de mon grand père paternel, le méchant accueil que ses enfants avaient fait à cette femme, éplorée comme nous pourtant, parce qu’elle avait pris la place de grand mère.
Je n’ai pas les coordonnées de cette femme, je n’ai pas songé à les lui demander quand je l’ai raccompagnée, mais je lui suis toujours aussi reconnaissante, d’avoir apporté à mon grand père une présence aimante sur ces derniers jours.
La vie ne vaut que si elle est emprunte d’amour.