Les amours de Cendre

Culpabilité

vendredi 7 décembre 2012 à 13h50

Je suis retournée chez les polyamoureux.
Je ne sais même pas pourquoi j’avais arrêté de lire et d’écrire sur ce forum (si ce n’est que c’est à ce moment là que j’ai commencé à écrire ici), parce que cela me fait un bien fou de discuter avec eux !

Donc juste pour moi, là, en circuit fermé pour moi, je vais essayer de reformuler ce que j’ai appris d’eux hier et aujourd’hui.

D’abord, que je ne peux pas contrôler les autres. Je ne peux qu’avoir une légère influence sur leur réactions, je n’en suis pas responsable. Je ne peux raisonnablement que leur faire confiance, parce que je les aime, et qu’ils m’aiment en retour.
Donc oui, c’est dur pour mon mari de mettre à la poubelle un certain nombre d’idéaux (la femme idéale, le couple idéal, et l’homme idéal qu’il voudrait être) mais c’est comme ça, c’est la vie. J’ai pas choisi de tomber en coup de foudre, je ne l’ai pas fait spécifiquement pour le faire souffrir lui, ce n’est pas pour moi une façon de lui reprocher quelque-chose. Bref. Fondamentalement, si souffrance il y a, je n’en suis pas la cause première. Seulement un révélateur.

Si c’est vraiment insupportable pour lui, c’est que je me suis très largement trompé sur son compte. Et alors, ça fera très mal. (Risque maximal, ce serait une douleur assez insurmontable pour lui comme pour moi)
Mais avec la vie maritale, je serais un jour ou l’autre tombé sur cette incompatibilité masquée, et finalement, il vaut mieux savoir ce genre de choses avant, non ? (en particulier avant d’avoir des enfants).
Mais est-il possible d’aussi peu se connaître après 7 ans d’amour ? Il est fort probable qu’il soit capable d’accepter la chose en l’état !
Oui, l’amour exclusif est une règle tacite de fonctionnement de notre société et on fustige tous les infidèles, les obligeant à cette odieuse mascarade qu’est la clandestinité… Et cela fonctionne très bien un temps. Mais cela ne tient pas l’expérience.

Mon expérience, et de nombreux témoignages que j’ai pu lire à droite et à gauche sur les femmes adultères, c’est que avoir une relation avec un autre partenaire ne remet pas nécessairement en cause l’attachement que l’on a envers notre conjoint, et encore moins l’engagement que l’on a pris avec lui.
Alors, imposer de faire un choix, c’est-à-dire de se rendre malheureuse (soit en empêchant une relation de naître, soit en imposant une séparation), c’est cruel, car monstrueusement inutile.
D’ailleurs, mon mari ne me l’a pas demandé, n’a même pas envisagé la chose possible. Et j’ai au contraire quelques mots de lui qui me donnent confiance, sur les « volages » que je peux prendre, sur des notions de préférences, sur le respect de mes choix, sur ce que je vis et ma liberté à le vivre, sur sa volonté à ne pas être jaloux (!)

Alors exit la culpabilité. Elle n’a rien à faire là et pollue l’espace plus qu’autre chose. Je fais depuis le début le maximum de ce qui me semble indispensable de faire, avec les moyens du bord. J’ai jamais signé un accord avec obligation de résultat !

Analysons et découpons s’il vous plait.
J’ai plusieurs culpabilités à gérer.

Celle dont j’ai parlé au dessus, qui est celle liée à la souffrance (non avérée) suite à la perte des idéaux du couple. D’abord s’assurer que cette souffrance existe, ensuite lui proposer mon aide (lecture/discussion) si besoin pour qu’il le gère, lui, de son coté ! !

Celle de prendre du plaisir à une pratique proscrite par la société.
Comment dire.
Là y’a un noeud, j’y reviendrais.... Mais je suis soulagée car mon mari n’est pas en cause ici.

Que mon mari ne profite pas de ce plaisir.
Je ne suis pas responsable de ce qu’il fait et de qui il rencontre, est-il vraiment malsain d’avoir d’autres sources de plaisir que celles de son conjoint ?
D’où mes prière pour qu’il retombe lui-même amoureux, d’où mes fantasmes pour qu’il ait des expériences avec une autre fille.
Il ne faut pas forcer la chose, cela n’a pas besoin d’être symétrique. Le plaisir est tronqué si la situation est artificielle, voire pervers si c’est dans un climat de type « vengeance ». (schéma pourtant très fréquent avec celui de la séparation imposée, source de rancœur et de frustration)

D’autres candidates ?

Ah oui, il y en a une autre. Vis à vis de Pia. Sourde et méchante, cette culpabilité là…
Parce que je la soupçonne d’être très différente de moi, et d’être beaucoup plus déstabilisée par la potentielle remise en question de l’amour de son mari pour elle.
Mais là encore, je n’y peux absolument rien et n’y suis que pour très peu. Au contraire, je préfère (avec toute l’objectivité subjective dont je peux être capable !), que Daniel soit amoureux de moi plutôt que d’une mégère qui lui ferait un chantage pour choisir entre Pia et elle !

Bref.
Je n’ai pas trouvé de culpabilité légitimes (celles induites quand on a été véritablement injuste envers autrui) donc on peut consacrer son énergie à les combattre. J’ai des pistes pour la plupart.

Me reste moi, moi toute seule, avec la honte de prendre du plaisir à une pratique proscrite par la société...
Y’a du boulot, bien sur, mais si cela ne concerne personne d’autre que moi, je peux prendre mon temps avec elle, et entre temps la masquer sans avoir l’impression de trahir la confiance des hommes que j’aime.

...

Ah.
En reste une dernière, j’ai du relire trois fois ce texte pour la retrouver, mais oui, toute masquée qu’elle est, elle est là.
C’est le fait d’être responsable de ses proches. C’est une idée très présente dans ma belle famille : on doit prendre soin les uns des autres. Être prévenant, prendre les devant de leurs désirs, de leurs attentes. Des choses aussi bête que les servir à table avant de se servir soi même (alors que perso, je préfère largement me servir moi même plutôt que quelqu’un me serve....) Cela va au delà du remerciement après coup, c’est une histoire d’anticipation.
Et c’est pour cela que j’ai autant de mal.

Faut juste que j’en parle avec lui.

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