les montagnes russes émotionnelles,
après, j’aime ça, hein, j’ai toujours aimé, faire les carrés les plus gros possibles en ajoutant des expériences extraordinaires
Et comme ça monte très haut, ça peut descendre bas aussi, ça peut aussi osciller très vite, on a rien sans rien.
Après, il se trouve que mon psy m’avait donné une molécule pour calmer, descendre, et ben, ça marche plutôt bien, ça calme les larmes, permet de retrouver une capacité d’expression, d’écrire ce qui semblait émotionnellement impossible à verbaliser.
Alors,
On en est où en cette fin de lundi 18 septembre, alors que la rognure d’ongle de 228 n’est pas encore visible dans le ciel ?
—
Dimanche, hier soir, donc, j’étais complètement effondrée.
—
Le matin, réveillée trop tôt après une nuit de sommeil trop courte, ruminant mon fomo d’avoir pris la mauvaise décision la veille, tentant un message très rapide à celui qui aurait mérité que je reste, bref,
mon dandy part d’émerveiller au Moulin Jaune avec son père, et moi, je peux me rendormir
Après ça, deux expériences extraordinaires, sans effet secondaires, elles :
1/ un réveil juste à temps, avec le souvenir extrêmement précis de mon rêve, un rêve d’une seule traite, sans trou ni incohérence temporelle ou spacial, un rêve complètement fou qu’il me faut absolument noter. En catastrophe, je cherche un cahier, un stylo, je trouve, c’est vert, tant pis, il faut écrire au plus vite, je ne sais que trop bien combien les souvenirs de rêves sont éphémère.
Et là, double surprise :
D’une part, le souvenir reste. J’ai écrit au plus vite, au plus direct, pour ne pas perdre la fin en écrivant le début (comme ça m’est déjà arrivé), et là, non, tout reste, tout est monumentalement clair, toute la douceur vécue, toute la sérénité qui s’en dégage, j’ai même le temps, à la fin, de revenir dans l’histoire pour y ajouter des détails
Et d’autre part, mes mots.
Mon souvenir était extrêmement sensitif, sans voix off (comme j’en ai souvent), juste le vécu, l’instant présent.
Par contre, c’était un rêve dans un lieu dont je rêve régulièrement depuis l’enfance, qui fini avec un « il faut que je retourne plus souvent à Bois Guilbert », et je voyais pas le rapport avec mon vécu récent, alors que c’est à ça que servent les rêves, normalement, remanier et restructurer le vécu récent.
Mais les mots.
C’est au cours de l’écriture que le lien avec mon vécu se fait. Les mots que j’emploie pour raconter mon rêve parlent de moi, les métaphores s’emballent, tout prend du sens.
Y’a moins d’urgence, je reprends un stylo bleu, et je continue de noter, cette fois sur tout ce que l’écriture a révélé de moi.
Extraordinaire ce rêve.
La vie est douce avec moi, même si elle ne galope pas toujours quand on veut, même si on rafistole des bouts de cordelettes roussies par le feu et qui continuent de se défaire au fur et à mesure, la vie est belle et le monde reste accueillant.
Quand je vous dit que Phœnix va bien.
2/ Après, seconde expérience monumentale.
J’avais prévu un film, j’avais pas les places car c’était complet la veille, je voulais être sur place 15m avant l’ouverture des portes pour les places mises en vente à ce moment là, avec le coup du rêve, j’y suis seulement à moins 5, et la longueur de la queue m’effraie....
Sauf qu’en deuxième position, je vois mes amis ! qui me sauvent !
J’ai ma place, on s’installe au milieu de la salle.
Et on profite.
ça s’appelle Beyond Bizarre, the life&art of John Willie
et ce film mérite un billet à part entière sur le journal de Cendre.
comment ce gars a dessiné, avec tant d’élégance et de réalisme, tout ce qui fait mes kinks, mes fantasmes, mes fétiches (comme j’ai appris que c’est exactement ça que ce mot désignait)
Monumental, j’en suis restée scotchée, et j’ai décidé de clore mon étrange festival sur cette expérience (sans aller chercher la séance de clôture ou quoique ce soit)
Je m’achète une paire de gaufres, renonce à les goinfrer sur place, ce qui en fait une pour mon amoureux à la maison, bonheur.
—
C’est là que ça part en vrille pour les amours de ma petite Cendre. Il est 20h.
Encore une synchronicité (on en a tellement que ... bref, il parait que ce ne sont que des coïncidences)
Je relisais la suite de message de la veille avec mon deuxième amour, donc, des messages un peu sybillique mais qui n’annonçaient rien de bon, j’étais à me dire qu’il fallait répondre qqch, j’étais à préparer mon écrit, et je le vois, en face, alors que je n’ai encore rien envoyé, à taper lui aussi.
Chaleur, émotions, il me fait un effet inqualifiable.
il tape, efface, retape. Je fini de mon côté, de toute manière, on a deux canaux de communication, ça peut servir à ça aussi.
Et là,
Effondrement.
Il confirme ce que j’ai vu il y a trois semaines et demi. Il est en train de changer foncièrement, notre toute jeune relation en prend pour son grade (pas très élevé encore). Je ne veux pas que mon compagnon voie ça, mais les phalanges blanchissent sous mes dents et les larmes coulent.
Je suis entrée en amour pour lui vraiment, mais alors vraiment au mauvais moment. Ça n’a rien à voir avec moi, mais ça change pas grand chose à la douleur.
Je profite du synchrone pour la lui envoyer, ma douleur. Smiley triste mais que peut-il répondre d’autre ?
Par contre, j’ai beaucoup, beaucoup plus d’info que je n’en ai eu ses dernière semaines, j’y vois beaucoup plus clair, et même si ça fait mal, le réel est toujours préférable au doutes et aux fantasmes.
Et puis, il ne l’a pas vu venir plus que moi, c’est pas si mal, non ?
Il sauve la fin de la discussion en me demandant de parler de mes autres sources de joie, et y’en a plein. Elle va bien, la petite Cendre. Même si les autres joies et amours n’atténuent jamais un chagrin d’amour, ça distrait, ça permet de penser à autre chose, et, en arrière plan, laisser le temps faire son œuvre.
Je lui liste mon crush du samedi soir, la merveilleuse personne chez qui on s’est rencontré, mes jams de cordes, mon film, bref, que des choses très très belles.
Phœnix est particulièrement fort en ce moment.
Ça c’était dimanche, hier soir.
—
Ce matin, je me réveille beaucoup trop tôt, en ayant rêvé de lui, en retournant mes larmes non larmes, puisque c’est si facile pour moi de me mettre à sa place et de voir pourquoi il change, que c’est essentiel pour lui, bien plus essentiel que moi.
« Je préfère te savoir heureux loin de moi que inconfortable avec moi. »
Je me lève, il fait à peine jour, je suis calme et j’ai bien l’intention de le rester. Je sors Antigone, et sa promenade dans le jardin qui ne pense pas aux hommes, à la campagne qui attend, à la carte postale rose, jaune vert qui advient ensuite. Je lit, déclame sur le balcon, voit les couleurs s’intensifier autour de moi; j’ai trouvé à m’occuper en prenant le linge.
« Ne pleure pas pour des bêtises comme cela, pour rien. Quand tu pleures comme cela, je redeviens petite… Et il ne faut pas que je sois petite ce matin. »
Le jour se lève et mon amour se réveille. Je suis fière d’être si calme. Il me demande pourquoi Antigone, j’esquive : on pourra poser les questions demain. Je sais que là, si je craque, je deviens une serpillère d’eau salée à essorer et que je ne pourrais donner aucune autre information que ma détresse : cela n’a absolument aucun intérêt.
Je craque pas, il va bosser, je me met à mon poste, je travaille, écoute mes collègues. C’est bien, quand on a des collègues, on est obligé de rester concentrés, ça évite les idées vagabondes
En sortie de réunion, je suis fière de moi, assez calme pour avoir envie de lui dire des choses en plus, à ce deuxième amoureux dont j’enterre tous mes rêves. Lui dire que ça va pas si mal, que je le remercie de ses mots de la veille, qu’il y a encore de l’espoir peut être, mais que ce sera « plus tard »
Il s’intéresse à ça, mais je serais incapable de l’écrire.
Oh, très cher ! c’est pas les envies qui me manquent, moi ! c’est l’espace temporel pour leur donner une chance !
Sur ce, on défini beaucoup de choses, beaucoup de questions réponses. Dans les deux sens.
Et encore, synchrone. Je suis dans sa journée de travail mais il est là pour discuter avec moi.
« je sais pas si j’ai eu l’occasion d’insister sur ca, (je me souviens pas l’avoir fait autant que toi), mais la communication est vraiment simple entre nous, Et permet beaucoup, beaucoup plus de marge de manœuvres »
J’ai encore plus d’info que la veille, beaucoup de soin, d’attentions, mais rien ne se contredit.
Les larmes montent, encore, parce que le constat reste le même.
Je vais pour fermer, mais il demande des précisions. Il veut comprendre, ne pas me faire plus de mal que ce qui existe déjà.
Je peux répéter ce qui pour moi, dans ses mots, sont la base de mon constat. Que j’ai besoin de savoir où il en est, lui, ce qu’il sait de lui et ses transformations
Il prend note. Voilà, c’est fermé, pour 4 jours normalement.
—
Je sèche mes larmes
Je segmente, archive tout pour le sujet qui m’affecte tant ne remonte pas sous mes yeux par inadvertance, je le colle dans un coin, j’ai une vie à côté, moi.
Et puis, ma meilleure amie qui me propose de déjeuner.
Je suis bien trop au bord de craquer, j’ai envie de lui expliquer, à elle, pas de me faire bouffer mes capacités d’expression par les sanglots.
Je retrouve une plaquette que m’avait donné mon spy en 208, j’en prends 2 et j’y vais.
On est des bonnes copines, vraiment, on s’échanges nos états d’âme (elle traverse un truc très très compliqué aussi, je sais même pas comment elle fait pour ne pas avoir craqué encre), elle écoute mon histoire, donne ce que ça lui évoque, me trouve en expansion, c’est pas ma meilleure amie pour rien.
Je reviens juste à temps pour une réunion qui finalement est annulée. Je me retrouve sans "rien" à faire (bon, c’est faux, vu le retard que je prends chaque jour depuis des semaines, mais cette heure là, devant moi, était allouée et a été annulée)
Je défait les archives, m’expose un peu, prend le risque d’avoir mal mais vouloir vérifier quand même ce qui a été échangé le matin. La molécule est très efficace, je peux relire tout ça sans panique.
Dans le lot, une question que j’avais mal lu, quelque chose de précis, non pas la liste des envies complètes, celles qui n’ont plus de sens et qui m’écorchent vive,
mais la sous-liste, celle que j’avais évoquée comme étant dans mes espoirs, celle qui serait réaliste, malgré l’effondrement.
Je dors un peu, c’est bien, aussi, de dormir, c’est de la narcotisation de base, ça anesthésie mieux que tout le reste.
Dans mon sommeil, je repense à cette liste, des choses faisables,
Au réveil, j’ai les idées claires : je vais pouvoir les écrire, les lui envoyer.
Il veut des modes d’emploi, je vais lui fournir.
Ça m’a pris deux heures quand même. Mais au final, j’en suis quand même pas peu fière.
Car après avoir listé toutes la sous-liste, celle qui est potentiellement faisable encore,
j’ai aussi pu écrire la liste complète, en dessous, de tout ce que qui est cramé, tout ce qui, pour ma petite santé amoureuse, n’est plus raisonnable du tout.
Je fait le tour. De tout ce qui n’adviendra pas, tout ces potentiels qui ont été ouverts cet été et qui n’ont aucune chance de revenir. Ils sont tous là, quasiment tous dans le détails, seul quelques uns sous un terme générique.
Mais aussi, en premier, la liste de ce qui peut rester, mon envie tenace d’au moins garder ce que nous avions avant de créer cette relation (on se connaissait depuis 5 ans), et un peu plus que cela, même.
J’ai pris deux heures, j’ai posé tout ce qui m’écorche depuis 3 semaines. Et je suis bien.
cette molécule est fantastique, je vais finir ma boite et en demander une nouvelle la semaine prochaine !
Je lui envoie pas,
C’est trop frais encore,
Il faut voir comment je serais demain, et après demain aussi,
je sais, depuis l’an dernier, combien, en montagnes russes, je suis capable d’avoir 48 heures heureuses juste parce que j’ai eu un échange. (et faut voir la qualité des échanges, entre celui-ci et celui-là, on joue vraiment pas dans la même cours)
J’écrits d’autres choses, que j’enverrais demain, d’autres questions, d’autres clarifications qui me seront utiles.
Mais l’espoir est revenu.
Peut être devrais-je amputer la relation, couper le membre cramé, mais le lien a de bonnes chance de rester, ses questions, ses réponses vont dans ce sens.
Il veut des modes d’emploi, je lui en ai fait un, rien que pour lui.
Et peut être même
Je rêve,
ce n’est pas écrit, ça encore,
c’est juste une idée, comme ça, un potentiel,
peut être même qu’il pourrait en avoir envie, d’utiliser le deuxième mode d’emploi
Et faire refleurir une relation nouvelle.
Je suis désespérément folle amoureuse de lui.