Oui bon, on a un peu traîné, juste un peu, histoire de faire monter la tension.
Histoire de vérifier, aussi…
Parce que oui, j’ai eu des soupçons sur le fait que je pouvais beaucoup moins l’intéresser, maintenant qu’il m’avais eu, qu’il m’avais vainque, comme dis Laclos dans Les liaisons dangereuses. Il m’a même dit que de tels soupçons étaient normaux, tellement fondés souvent. Mais le tribunal de mes différences instances en avait jugé bien avant aujourd’hui : non coupable, et d’évidence, cela s’est confirmé cet après midi.
Alors, je vais faire confiance à cet homme.
J’allais dire comme nul autre auparavant, mais je me méfie des superlatifs : c’est facile de les savoir infiniment vrai à 20 ans, c’est plus dur à 30....
Mais oui, ma confiance en lui a grandi d’un cran encore, là où je ne pensais pas cela possible, et j’ai décidé de m’abandonner à lui, avec comme objectif primordial mon unique bonheur, avec en ligne de mire mon seul plaisir. Le reste viendra en effet collatéraux bienheureux, je n’en doute pas. Mais il me faut apprendre là, et réparer.
Je ne veux rien lui devoir, pas de dette, pas de réciproque, pas de symétrie, pas de remords, aucune obligation de quelque nature qu’elle soit, aucune contrainte. Il me faudra les vaincre, une à une, car je me connais, elles reviendront. Surtout celles de la morale, de la bien-pensance¹. Surtout celles de la culpabilité du genre « Je lui dois bien ça ».
Non, je ne lui dois rien de chez rien de chez rien.
J’ai assez goûté de l’écœurement la dernière fois.
Et le jour où ça le chagrine, qu’il me le dise, on reverra alors éventuellement la donne, mais d’ici là, aucune concession. Rien qu’il ne m’ait demandé, et chacune de ses demandes sera pesée à l’aune de mes propres aspirations.
Que seul le désir s’exprime.
Ainsi répareront-ils à deux. La bêtise de mes 16 ans tous neufs².
L’un en m’offrant une moitié de génome pour le combiner avec le mien, une grossesse désirée, attendue.
L’autre en réparant ce que Bernard a fait de moi en réparant mon corps et mon esprit meurtrit d’alors.
...
J’espère être plus forte qu’elle. Qu’il n’ait pas à me rassurer, à m’insuffler confiance.
Cette confiance, je la sens en moi, énergie qu’il révèle, mais qui est là indépendamment de lui. Je le veux libre et je me veux intransigeante sur ma propre liberté. Me révéler. Pleine et entière. Telle que je suis aujourd’hui.
Et c’est bien parti pour pouvoir tenir des années. Même si cela ne dépend pas uniquement de nous deux, les probabilités que cela tourne mal sont bien faibles.
Je lui ai demandé, et de son coté à elle ?
Peur de l’abandon.
Comme je la comprends.
Peut-elle savoir, puis-je lui dire ? Qu’il ne l’abandonnera jamais, en tout cas, certainement pas de mon fait ! Au contraire, je vois dans mon cœur comme ces réflexions sur mes actes, sur mes sentiments, ont renforcé mon couple. Pour le détruire, aujourd’hui, il faudrait un ouragan. Aucune tempête ne me fait plus peur, pas à moi, en tout cas, je veux bien affronter celles qui se présenteront. Je sais qu’il en est de même pour lui. Qu’il lui est encore plus attaché qu’auparavant...
C’est un des effets collatéraux de notre complicité.
...
Un dernier mot sur l’énergie que je dégage. Je l’ai traitée par le mépris, hier³. Mais Teddy y a été sensible. Et si je lui ai proposé d’entrer dans mon cercle, c’est bien parce que je lui fais confiance pour ce genre de sensibilité (même concomitante à 10 ans de défiance plus ou moins latente).
Bref, j’en suis un peu fière, de cette énergie.
Celle qui me fait tenir avec 2h de sommeil en moins par jours (6h au lieu de 8h), avec moins de repas (j’ai perdu 5 kg de sur-poids en trois mois), plusieurs projets en parallèles (danse, politique, projets persos, etc...) sans parler la bonne humeur de faire les corvées quand elle viennent, quand il m’est possible de les faire, et non plus de les prendre comme un fardeau.
Ce n’est pas la première fois que je l’écris, mais ici aussi, j’en voulais la trace, manifestation physique de mon bonheur actuel.
Je vous aime.
1 : Note pour la morale : elle en a pris un coup, cette dernière, rien qu’avec le qualificatif d’adultère, que je ne peux pas franchement réfuter. Il faut bien que cela me serve, de bafouer la morale !
2 : Note pour le 16 et le 32 : pour une femme assistée par informatique comme je suis cela ne manque pas de piment, même si le 32, ce sont les âges de mes hommes et plus le mien depuis juin… Mais cela donne une tournure assez symbolique à 2012, qui me plait beaucoup décidément.
3 : texte écrit à la main qu’il faudrait retaper.