Les amours de Cendre

Nouveau départ

mardi 13 novembre 2012 à 18h18

Pourquoi un nouveau journal ? un de plus ?
Comme s’il n’y en avait pas suffisamment ? sur papier, sur des forums publics, sur des textes partagés...
Je m’éparpille avec une volonté propre, et en même temps, je souhaite pouvoir tout relier.

Chercher le lien des choses, c’est comme ça que cela m’est tombé dessus.

Peut-être est-ce pour cela que j’ai commencé ce nouveau journal. Pour tout réécrire, depuis le début. Pour tout revoir, sans me remettre dans l’état d’esprit d’alors, mais plutôt fixer mon ressenti actuel sur ce qui se passe depuis deux mois et demi maintenant.
D’où le nouveau support, et d’éventuels nouveaux lecteurs.

Rétrospective.
Comme à la fin d’un sprint scrum. On regarde en arrière ce qui a fonctionné et ce qu’il faut améliorer pour la prochaine fois. Ah, si la vie sociale était aussi facile qu’un projet informatique, ça se saurait.

Donc, un lundi 20 aout au soir, Daniel, qui était devenu un bon camarade de jeu, me demande un truc insolite, un truc que Rémi ne comprendra jamais, une envie commune qui nous lie.
ll me demande de lire ses archives de forum RP, et de les valoriser.
Il a fait une thèse de fourmi, il ne sait pas l’impact émotionnel de la mienne. Il n’a aucun moyen de savoir qu’avec cette simple requête, il me touche au plus profond de moi-même. Moi non plus, d’ailleurs, je ne réalise pas tout de suite. Mais l’amorce est là.
Le lendemain, la proximité se précise. Il a réalisé cette interface de gestion que j’avais rêvé de réaliser des années plus tôt. Et paf. La proximité chimique s’en mêle.
Rien à faire que je sois amoureuse depuis 7 ans de Rémi, et jeune mariée de quelques mois, l’attraction est trop forte. Il me faut cet homme-là dans mes intimes, quitte à m’y brûler. Trop d’occasions perdues, je ne laisserais pas celle-là passer.

Alors voilà.
Je ressemble à une ado boutonneuse qui ne tient pas en place, je passe ma vie à le lire, ses RP passés, ses RP actuels, et le peu que l’on échange.
Je surfe aussi beaucoup sur internet, pour savoir, comment faire cohabiter cette douloureuse sensation d’amour naissant avec mon mariage que je n’ai aucune envie de remettre en cause.
Faut dire qu’il faut bien que je m’occupe. Mon esprit analytique refuse obstinément de s’éloigner de cette question qui est devenue mon centre du monde, qui allait devenir amour.

On traîne un peu pour se revoir. On se rate même une première fois. Par messagerie, on sent bien qu’il se passe un truc, que l’on est plus dans le simple domaine des bons camarades de jeux. Mais on ne s’invente pas adultère si vite. Moi en tout cas.
C’est donc un vendredi soir, un 7 septembre, qu’on prend sur nous de se revoir, juste tous les deux, là, à Châtelet.
Il ne s’y passe rien et en même temps tout est scellé : mon amour pour Rémi, son amour pour Pia, et nous, au milieu, cherchant le contact, l’intime. Et on se trouve. Deux lèvres posées sur une nuque, une main sur une hanche. Nul besoin de m’embrasser pour me perdre, je suis déjà dans la jouissance des corps, celle d’autant plus explosive qu’elle s’exprime en toute retenue.

Je pourrais narrer un par un les rendez-vous qui ont suivi, car ils sont rares, me sont précieux. Ne serait-ce que pour me prouver que je les connais toujours aussi bien, mais je ne suis pas sure que le temps passé à l’écrire (et vous à lire) en vaille vraiment la chandelle.
J’ai juste cessé de prévoir. Car rien ne se déroulait jamais comme prévu. Des minutes d’intensité folles, dans ses bras comme devant mon écran au boulot, à un rendez-vous tellement idéalisé que sa réalisation en est restée fade.
Mieux vaut ne pas prévoir, ne pas planifier, mais simplement se faire confiance mutuellement.

On se découvre. Dans tous les sens. Plus j’en apprends sur lui, plus j’en découvre sur moi, et réciproquement. L’euphorie laisse dans son sillage le manque. On apprend à faire avec, à se laisser surprendre par de bonnes surprises. A laisser la part belle au bonheur, à la joie de vivre.

En parallèle, j’essaye de m’en ouvrir à Rémi, car je ne me sens pas les épaules pour lui cacher un tel bouleversement dans ma vie. Comme s’il pouvait ne pas le voir ??
C’est en rencontrant les polyamoureux, cette communauté qui l’affiche comme un mode vie (et ne présuppose pas d’une fêlure dans le couple), que j’ai eu le courage de lui dire à mots ouverts :
« Je me suis laissée tombée amoureuse d’un autre homme » vendredi 19 octobre 2012.
Dire qu’il l’a bien pris serait exagéré, mais il semble faire avec.

J’essaye d’être un minium constructif malgré les pensées chaotiques qui m’assaillent. Je ne céderais pas à l’énumération. Elle peut me sembler pleine de sous-entendu maintenant, ils n’y seront plus à la relecture. Et je perds l’avantage cathartique.
Et s’il ne faut choisir qu’un seul sujet, nous sommes quand même sur un journal intime, c’est celui de ce soir.

Car nous y retournons, ce soir, au même bar que le mardi 21 août. Avec les mêmes. Rémi, Daniel, Olivier, Marion pour ne citer qu’eux.
La belle affaire banale ! Rémi, Daniel, moi, les autres…
Ne rien prévoir. Nous faire confiance. Faire confiance aux deux entités « Nous » qui cohabitent en moi, celle, 7 ans d’âge, avec Rémi, et l’autre, toute neuve, avec Daniel. Nous faire confiance.
Car somme toute, il n’y avait rien à préciser. Tout avait été dit dès le départ. Rémi sera toujours prioritaire. Sans être dans le mensonge, non juste dans le respect des ordres établis.
Et du coup, prendre le temps, ce midi, de manger (ça n’a l’air de rien, mais ce n’est habituellement pas de nourritures tangibles dont on se nourrit habituellement quand on est tous les deux). Prendre le temps de la distance, de la « normalité » si elle existe. Sortir de l’adrénaline de l’adultère et apprendre à être heureux de la situation, quelque façon dont elle se présente. Tout moment passé ensemble est à chérir, même dans le refus de la fusion passionnelle.

Car c’est l’autre point noir qui traine, celui de la passion, et de la fusion des corps. Je me relis, au 9 septembre, un texte destiné à Rémi qu’il n’a jamais lu, où je lui promets de lui réserver les plaisirs de la chair.
Je n’ai plus envie de tenir cette promesse.

...

Et je n’ai plus le temps d’écrire. Il est temps, il est l’heure. Confrontation. Confiance. Je dois y aller.

Si je trouve le temps, je vous raconterais comment ça s’est passé ^^

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