Les amours de Cendre

Le sens de la vie

lundi 24 décembre 2012 à 11h01

Anesthésiée.

J’ai perdu le goût de la vie hier soir.
Il va revenir, je ne me fait pas trop de soucis pour cela. J’ai connu pire, et j’ai déjà touché mon incapacité fondamentale à mettre fin à mes jours, il y a des années maintenant. Je n’en suis vraiment pas là. Juste ronchon, juste mélancolique, juste une interrogation sur le sens de la vie et des combats à mener contre moi même et contre l’organisation sociale qui m’étouffe…

Hier s’est caractérisé par une partie de Civ. Avec les deux frangins, pas question de trainailler, pas question de gérer finement mes villes : ils vont trop vite pour me laisser le temps de réapprendre les mécaniques et je n’ai pas envie de ralentir outre mesure leur jeu. Du coup, j’ai mis nombre de mes actions en automatiques, soit complètement (ouvriers/explorations) soit partiellement (bâtiments des villes systématiquement ceux conseillés). Comme je m’étais mise en facile, je suis restée en haut du classement, (je n’ai tenu la tête qu’au démarrage), mais le jeu a complètement perdu son intérêt..
Je suis restée avec eux, pour les écouter jouer, pour entendre leurs arguments, l’un pour la guerre, l’autre pour la paix ; pour regarder mon empire se développer sous mes yeux, pour prendre trois décisions (démobiliser mon armée qui ne me servira plus), mais je n’étais pas vraiment acteur de cet empire. Il se développait sans moi, avait sa propre source vitale.

Quand on a arrêté, il était plus d’une heure du matin, et j’étais complètement vidée. J’avais l’impression que c’était ma vie que je regardais grandir ainsi sans vraiment intervenir, sans vraiment vouloir, sans trop y regarder, en se laissant guider par les contingences matérielles, et par les conseils des autres…

Qu’est-ce que la vie ? A quoi ça sert ?

Pourtant, on en a reparlé justement avec maman juste avant. Et la réponse est la même qu’il y a 16 ans. Elle est toujours valable : Créer et transmettre.
Elle m’a parlé de la transmission, entre autre, de son rôle essentiel dans la constitution de lien familiaux. Les liens sont transmission.
J’ai réalisé que je n’avais aucune envie de transmettre quoique ce soit aux enfants de mes cousines picardes. Que les liens se perdrait donc de ce coté là. Et pour les autres, bah, c’est pas franchement mieux. Et je n’ai pas parlé d’Isabelle, mais c’est compliqué, vu qu’elle est sortie du schéma de base en adoptant deux grandes filles, on sait pas trop si ce sont les siennes ou pas… Si on a envie de transmettre ou pas (et pourtant oui, j’ai envie de transmettre… N’ai-je pas un métier à tisser les perles à offrir à Manon ?)

Famille.

Émouvant samedi soir. Denis m’a officiellement accepté dans la famille, et me l’a dit tel quel. Il a évoqué ses doutes et ses certitudes. De notre relation. De ce qui lui plaisait. De ce qui allait bien. De ce qui allait de soi.
D’un coté, je ressens toute la sincérité de la démarche, avec amour, et je la prend comme telle, comme une déclaration. Un aveu de faiblesse et de force. Nous sommes liés et nous nous devons fidélité et soutien. En me mariant à son frère, en l’acceptant comme témoin de cette union, j’ai aussi contracté ce lien là, tout aussi indéfectible.
De l’autre, je constate que je connais très mal cet homme (ce n’est pas surprenant, même en vivant depuis 4 an avec le frère, je ne le connais pas très bien non plus !). Et que par conséquent j’ai peur.
C’est idiot. Il m’a dit au contraire de ne pas avoir peur. Que la phase d’approche et l’apprivoisement mutuel avait été longue, mais qu’elle avait abouti à une relation de confiance et de communication tout a fait satisfaisante pour tous les deux.
Mais ce n’est pas idiot car je viens d’enfreindre une loi sociale qui est sûrement très importante à ses yeux. Que j’aimerais pouvoir lui dire, j’aimerais qu’il me juge en connaissance de cause. Et au delà, éprouver ainsi son amour pour moi, constater que cela ne l’altère pas, qu’il me conserve sa confiance. Mais que j’ai tellement peur de son rejet (et/ou de sa jalousie, lui qui se remets doucement de sa rupture !) que je n’oserais jamais le mettre dans la confidence. Quand à Rémi, je ne sais pas pourquoi, mais je ne l’imagine absolument pas pouvoir partager cela avec son frère (puisse Aphraël m’entendre et me faire mentir !)

Vibration.

Du coup, ce matin, je ne me sens pas vibrer, je ne suis pas en résonance avec le bonheur du monde. Je me sens un peu à coté, sur le bord de la route.
J’ai eu pourtant des mots de Daniel, outre qu’il rattrape (comme Rémi) un retard accumulé en RP, mais pas de grand saut du coeur, par de fulgurance.
Ces choses là ne se reproduisent pas à la demande, je le sais pourtant. Cela ne m’empêche pas d’être déçue…

Ça serait bien quand même de ne pas faire semblant, ce soir. Il y a du bonheur dans les familles. Il faut juste s’y ouvrir.

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