Une radio que j’ai suivie, en jeu et hors jeu.
Une radio qui m’a longuement accompagnée, moi et mon personnage.
Dont j’ai suivi les débuts, que je lisais avec avidité.
Dont j’ai cherché les échos, avide de connexion.
Ce soir, j’ai vu Aimé reprendre le groupe, en quelques minutes, comme sur un tableau blanc, effacer l’existant et y mettre ses propres mots, ses propres pixels.
Je devrais me réjouir de l’héritage symbolique (même s’il est sûrement beaucoup plus pragmatiquement logistique), mais je n’y arrive pas.
C’est la négation d’un bout de ma vie.
Je ne sais même pas comment ils en sont arrivés là.
Je connaissais le projet d’Aimé, je sais même qu’il est suffisamment galvaudé pour qu’il n’y prenne pas tant plaisir.
Mais moi, je ne lisais plus.
J’avais étanché ma soif d’archives.
Puis ma soif de transpositions.
Je voulais vivre au présent dans le réel.
Et le réel est venu à moi, je l’ai défié, je l’ai perdu.
Et depuis, pas moyen de revenir jouer, de revenir lire.
Me reste juste cette amertume en bouche.
Personne ne peut nous voler ce que nous avons vécu.
Il y a les jours où je ne regrette pas, parce que si c’était à refaire, je ne changerais pas une ligne.
Et il y a les heures où j’ai mal pour ce que j’ai détruit.
Hier, j’étais pleine d’espoirs, pleine de gratitude pour une autre Boucle d’Or. Tout allait mieux.
Ce soir, je ne tiens plus la barre.
Des mots que je n’attendais plus. De l’un par MP, de l’autre par la poste. Alors que je commençais tout juste à supporter leur silence.
Je pensais pas aller si mal moi même.
Même les larmes silencieuses sont salées.