Les amours de Cendre

La main.

lundi 5 septembre 2016 à 10h53

Y’a un truc, une contradiction.
Ce matin, je vais faire l’hypothèse que cette contradiction est chez toi (et non chez moi) [mais ça reste une hypothèse]
Je vais me baser sur ton silence, hier soir. D’habitude, quand on cause, tu réponds un truc ou un autre, pour manifester ton approbation. Là, on parlait d’amour, du sentiment d’appartenance, de la douleur de la perte de l’être aimé.
J’ai dit "t’as du sacrément morfler quand même". Et t’as rien répondu.
J’avais ton bras dans les miens. J’étais en mode amorphe. Et t’as rien répondu, si en mots ni en corporel.
L’intuition, alors, que j’ai touché quelque chose.
Et ce matin, cette hypothèse : et si mon refus de tomber amoureuse de toi venait de toi ?
J’m’en sors pas avec mes paradoxes.
Le premier jour où tu as eu envie de moi, de m’attacher, j’étais vraiment sceptique. J’avais peur que tu sois lourd, que tu sois irrespecteux, je me méfiais vraiment de toi. Peut être parce que tu me regardais déjà comme une tarte au chocolat et que j’ai appris à me méfier des hommes qui me désirent ainsi.
Ce permier soir là, je me suis donnée à toi parce que j’avais aucun autre riggeur sous la main, parce que je voulais parfaire ma réputation de "modèle facile". Je me suis mise dans tes cordes par curiosité et parce que je voulais revenir à Place des cordes et savoir faire feu de tout bois.
Le résultat m’a plus que surprise.
La deuxième fois, j’allais pas bien. J’étais en dépression amoureuse, et j’voulais une dose de cordes pour penser à autre chose. J’avais confiance en toi, dans le fait tu n’abuserais pas du pouvoir que donnent les cordes sur mon corps
Abuser ?
Tu l’as fait, depuis, ce que je ne voulais pas que tu fasses ce soir là.
Tu as usé du pouvoir de transfiguration des cordes pour m’emmener dans l’érotisme, le plaisir sexuel. Tu as entraîné mon corps là où je ne savais pas qu’il voulait aller, et ce pour ton plaisir autant que pour le mien.
Mais ce dimanche là, (le 19 juin, probablement), j’aurais vécu ça comme une intrusion, et donc tu ne l’as pas fait.
Je suis partie très vite, comme annoncé. Et j’ai aimé comment on m’a trouvée belle dans tes cordes.
Les cordes, et rien d’autre.
Comme j’en avait envie.

Je suis allée chercher un calendrier pour les dates.
La troisième, il semblerait que c’était le 3 juilllet. Juste avant de partir pour OutreTerre. Tu me parles d’huile de pied de boeuf. Tu commences à jouer hors des clous (puisque notre complicité est avérée) j’ai noté ce soir là un futomomo.
En parallèle, j’ai découvert ton profil FB, ta gentillesse d’avoir offert l’escalier interdit à Barbara et Marie pour leur mariage. Ambivalence. J’ai pas envie que tu rentres dans mes proches. T’es un rigger dans les cordes desquelles je suis bien, mais pas question de te faire une place dans ma vie. Pas question que j’entre dans la tienne.
Je m’en assure, même : que t’es pas en train de tomber amoureux. Tu me dis que non, y’a pas de risques.
Je comprends maintenant : y’avait aucun risque, en effet, avec ta définition. Plus jamais te rendre ainsi vulnérable…

Et pourtant, j’ai pas bronché quand tu me l’as dit ce matin : "Tu as une place dans ma vie". J’ai même pas fait tourner le comique de répétition : "tu ressemble à un quelqu’un d’amoureux"

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Reconnaître une forme de mépris que j’ai pu avoir pour lui, ses manières simples, sa façon de répéter ce qui lui a plu, même aux mêmes interlocuteurs.
Et à l’inverse, reconnaître la reconnaissance dont il me nourrit, quand il me dit que je suis magique (dans ses cordes ou sous ses mains), la sensibilité dont il fait preuve quand il explique comment il a interpréter les regards de Ritz alors qu’il attachait Daewen (Tu la lâches pas, là, elle est bien, je compte sur toi, c’est pas le moment de lui faire une crasse ! ), ou alors qu’il m’attache moi, Ritz qui descend à mon niveau, m’embrasse, dépose un "je t’aime" dans ma conscience déformée.

Regarder en face cette contradiction.
Je limite mes messages FB vers lui, je traîne des pieds, me refuse de liker ses posts, réponds avec parcimonie, fait mon égoïste.
Et ça lui plaît, ça lui va. Toi si non exclusif. Tu aimes le plaisir des femmes. C’est comme ça que tu joues d’elles, C’est comme ça que tu abuseras de moi, comme ash, tu vas m’entraîner dans une expérience un peu trop extrême pour moi, par un chemin qui me fera goûter l’expérience, mais qui laisse un goût de peu.
Oui, j’aime les fists. Mais pourquoi avoir cherché la performance ?
Hier soir, c’était mieux. Surtout la deuxième (où j’ai refusé le fist, en fait). J’aime pas refuser. Ça veut dire qu’un truc est pas passé. et en même temps, comment exiger de lui qu’il devine tout ?
Parce que dans les cordes c’est magique.
Je crois que j’ai été bien déçue que ce soit si ordinaire sexuellement.
Ordinaire avec un chemin non ordinaire. Qu’il valorise, qu’il aime, avec lequel il obtient habituellement satisfaction. Mais je ne pars pas. Je reste au bord.
Avec Rsben également, je me souviens, cette même attente. Sa même frustration à me sentir au bord sans vraiment basculer. Leur réflexe idiot (pour moi) d’aller chercher la jouissance par les vas et vient, là où c’est plutôt l’arrêt qui me fait basculer. L’arrêt d’un homme qui jouis en moi.

Tu vas chercher ta jouissance dans l’idée de la faire découvrir aux autres, à ces autres femmes, et ces hommes qui découvrent leur femmes jouissant des simples mains d’un autre. T’as l’habitude de leurs regards, de leurs contrôles, tu fais avec.
Pragmatique, tu vis au jour le jour.
Mais si je suis là, je suis prioritaire. Tu es avares de mes marques de tendresses, une embrassade, un baiser. Après l’échange de nos profils FB, voilà que j’ai ton numéro de téléphone.
Il paraît que tu es plus populaire depuis que je pratique tes cordes. J’y suis si belle que je donne envie. Diana le dit. Nos deux spectatrices du 19 juin.
Je suis plus populaire aussi, soit-dit en passant. Autant comme modèle que comme rigger. Et j’aime ça.

Je pourrais consacrer mon automnes aux cordes.
Workshop avec Rsben, cours avec Fabrice, dispo pour Loïc à l’occasion, rendez-vous avec la main la semaine, ou avec Ritz en prime, et se garder le dimanche soir pour les rencontres...
Accepter que je n’ai pas envie de grand chose d’autre.
Accepter que j’ai choisi que ma nouvelle relation soit non-amoureuse.

Que c’est un moyen comme un autre de noyer ma rupture avec Jee. D’accepter que je n’aurais probablement jamais d’enfant…

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