Les amours de Cendre

Je me barrerais de toute façon

dimanche 22 juin 2014 à 22h43

« Alors je fais quoi ? Je reste dans ma bulle et je te dis rien ? »
« Je me barrerais de toute façon »

Voilà, c’est dit.
Mon Amour, mon cœur, je souffre de te voir souffrir. je soupire de constater le trou toujours plus large entre ta notion du respect et la mienne, entre ta notion d’une relation amoureuse et la mienne.
Je t’aime, mais vivre avec toi, aujourd’hui, c’est soit me sacrifier en sacrifiant mon ouverture au monde poly, soit te sacrifier en t’imposant ce mode de vie qui, je le constate depuis un an maintenant, te rebute et te fais souffrir de plus en plus.

Alors comment, dans ces conditions, où tu te rêverais que j’aille moins vite, que je te laisse du temps pour t’habituer, comment je pourrais te parler de mes envies ? Mes envies de possible. Pas envie de les faire, juste que ce soit possible.
Pouvoir découcher au pied levé, parce que j’estime que la situation le demande
Pouvoir jouer à des jeux sensuels, un peu dangereux, que j’aimerais explorer avec des personnes expérimentées
Pouvoir envisager une polyfamille, avec des enfants de parents différents
Pourvoir envisager chambre à part, appart à part, sans que ce soit vécu comme du rejet
Des possibles que je n’évoque pas avec toi parce que j’ai peur qu’ils te braquent encore

Alors que simplement te dire « Bonne soirée, bonne nuit » un soir que je découche te fait hurler.

Je ne l’ai pas dit deux fois, il me semble. C’est toi qui a posé la première fois.
« Si je te dis non tout le temps, tu vas te barrer »
J’ai dit ni oui ni non. C’est probable. Juste, à cette alternative tu proposes d’enfouir ta colère dans ta bulle, quelle explose en violence, que je sois là ou pas.
Ce n’est pas une alternative acceptable pour moi.

Violence.
La théière Habitat en morceau. Tu es désolé, je me doutais que c’était ça, le verre cassé. J’accepte tes excuses, je te pardonne, ce n’est qu’un objet. Ce n’est pas grave.
La bleue n’est plus ici, je ne te l’ai pas dis… Elle peut tout aussi bien y être cassée : les objets dont on se sert sont soumis au risque de casse. Toujours.

Intimité.
Retrouvé.
Pas une fois, je n’ai réussi à amadouer l’hérisson à mon retour. J’essaye, mais tu ne le vois pas. Je fini par abandonner, soupirer. Je ne me suis pas vue, mais je donnais l’impression de ne pas vouloir être là. Peut être.
Je voulais multiplier les occasions, que l’on s’habitue.
Tu ne t’habitues pas et mon angoisse du retour ne diminue pas.

Pourtant, normalement, si je vais mieux, les échanges devraient aller mieux. Être plus fluides, plus riches. Oui. Sauf avec toi. Toi que je ne sais plus prendre.
Toi qui prend la grippe parce que je refuse de faire de l’exclusivité la base de notre Nous antérieur. Un élément tacite inclus, oui, mais pas une base. On joue sur les mots. On ne dit rien d’autre que notre écart de compréhension.
Rien d’autre que notre amour l’un pour l’autre qui nous maintient ensemble envers et contre cette situation affolante.

Quand je te parle du chat noir, tu as l’impression d’être comparé. Qu’il est mieux que toi. Alors que je le voudrais proche de toi. Mais parce que vous partagez la même femme, tu l’évalues en rival.
Tu m’as demandé de faire attention aux ressentis que je te prêtais. Oui, c’est vrai. Surtout ici, dans mes journaux, j’écris à l’emporte pièce : tout ceci ne sont que les déductions que je tire de nos conversations, tempérées par le fait que je sais que je ne te connais plus, mais quand même, je garde cette présomption de savoir entendre ceux qui m’entourent, au delà de ce qu’ils disent.

Et ainsi, quand je dis que je ne me plains pas, accepter que tu as entendu une plainte, dans mon attitude, même si ce n’était pas ça que je ressentais (seulement du désespoir, mais est-ce très loin ?)

Je ne sais pas si ma décision est prise. Je suis de plus en plus sereine avec cette idée, de continuer sans vivre avec toi. J’imagine que tu le sens, qu’elle te rend agressif, peu amène, ne facilite pas le contact.
Mais c’est une vérité.

Si tu ne t’y fais pas, que tu n’acceptes pas, je me barrerais de toute façon.
Si.

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