Les amours de Cendre

Hunter

mardi 14 mai 2013 à 13h49

J’assume pas.

Je me suis surprise ce matin, à décrire cliniquement combien l’existence même de Rémi me bridais. Je me suis haïe pour cela, alors que j’expliquais hier encore tout ce que je dois à Rémi, tout ce qu’il a pu m’apporter, tout ce qu’il m’apporte encore, comme avenir, comme sécurité.
Mais en ce moment, il ne m’apporte pas de mélodie. C’est juste une basse, la tonale. Indispensable pour situer l’accord, mais inaudible pour le commun des mortel (la métaphore est de Meta parlant d’Aurélien)

Et d’un coté, je sais qu’être juste la basse d’une relation, ce n’est pas suffisant. J’étais retombée amoureuse de Rémi, j’en ai refait ma mélodie principale. Mais c’est comme mon amour pour Daniel, je l’écrit au passé. Ça fait mal de le constater, c’est dénué d’empathie, de sentiment, mais le constat est là.

De l’autre, j’ai la nostalgie de cette époque où je faisais ce que je veux de mon appartement, où j’avais au moins un week-end sur deux de libre, souvent à rien faire, mais qui pouvait être exploité par qui veut, qui était là, qui avait envie d’être là.

L’écrire, tout de même.
Je voudrais dégager du temps pour Thomas.
Parce que oui, j’ai joué. Avec ma frustration. Avec mes envies. J’ai douté aussi, douté qu’il se passe vraiment un truc. Les réponses d’hier sont peu nombreuses (à des questions tacites, c’est déjà significatif qu’elles existent), mais elles sont là. Il joue sa part de partition. Je n’ai qu’à jouer la mienne si je veux y voir plus clair.
Hunter.

Sauf que pour cela, il me faut un peu d’espace, espace physique, espace temporel, espace mental.

Ne pas profiter des moment où cela va bien pour demander encore plus.
Mais quand est-ce que je mange du saumon mayonnaise ?

La relation est encore en suspend, en attente. Elle peut attendre des mois, encore, de ce que j’ai lu de ses regards. Sauf que comme le Red le soulignait hier, les dispositions peuvent changer avec le temps, je m’en voudrais quand même si je loupais un coche à force de patience.

Et puis zut, c’est même pas ça.
C’est vraiment retrouver une liberté d’action. Que je n’ai pas.
Et de constater que j’ai peur, de ne pas savoir, entre mettre en place ce qui m’est légitime et abuser de l’amour de Rémi. Entre lui demander ce que je peux lui demander et faire preuve de maladresse en le mettant devant des fait accomplis (décisions prises, même si je le formule comme une interrogation). Lui qui me connait si bien, qui sait tant prendre soin de ce qu’il me dit.
Oui et ben toi, t’es pas pareil. Il le sait, non ?
Ouais, bien sur, mais il m’a demandé de faire attention, quand même, je peux faire cet effort là.
Parce que tu fais pas attention, là ? A retourner le truc dans tous les sens à t’en chauffer les yeux ?
Si… Mais ça change pas qu’il est pas au courant puisque je lui dit pas. Et que j’ai peur, si je lui dit, de le blesser
Alors il faut trouver un moyen de le dire. C’était pas si mal, la dernière fois, non ? Ça annonce pas trop mal ce que tu veux annoncer maintenant, non ?
greugneugneu… C’est de la logistique, ça. Je veux pas céder sur de la logistique, qui peut paraître superficielle, juste un détail à régler, alors que c’est une question de fond.
Bah oui, c’est bien parce qu’il s’agit d’une question de fond que t’as du mal à en parler. Tu crois qu’i est capable de pas se rendre compte que ça a pas tout à fait la même portée qu’une réunion de cellules ?
Non
Bon, donc, il s’agit de fond. Il s’agit qu’il me laisse libre de retourner chasser. (Ou faire courir d’ailleurs). Et c’est ça qui est si dur pour moi. Parce que longtemps cela a été inconcevable. Qu’un compagnon chasse tout seul. Et pourtant.
Il faut à la fois pouvoir chasser tout seul, et à la fois, respecter son compagnon en lui disant, en le prévenant. C’est revenu deux fois dans mes conversations, hier, la question de l’omission.
Oui, on a un jardin secret, des choses non explicitées, certaines que l’on ne veut pas s’expliciter à soi-même, parce que le flou, c’est très enivrant, aussi.
Mais en même temps, on a pas le droit de laisser son compagnon dans l’incertitude, dans le doute, le laisser combler les trous à notre place.
Il faut dire les choses.

Alors oui, je me dis que si Rémi se réjouissait autant que Daniel de mes rencontres amoureuses autres, j’aurais moins de mal à les lui dire, mais c’est même pas sûr. Parce que la jalousie est irrationnelle par essence et qu’elle peut frapper sans prévenir. Et le partage, j’ai pas signé que pour le meilleur. Pour le pire aussi.

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