Ce soir encore, je les laisse tous les deux.
C’est drôle, que je commence l’article par ça, vu que, techniquement, Bob n’aurait pas été avec Babette, il aurait été avec son autre féline, celle qui passe en pointillé dans sa vie, et donc de toute manière pas avec moi.
Je sens que la lecture du journal de homewrecker m’impacte quand même pas mal.
Et puis, relire les écrit d’ici, qui me donne envie d’en rajouter une couche.
Sur ce qu’ils vivent ensemble.
Sur mon vide hier soir.
J’ai donc passé la soirée d’hier soir avec Babette.
Un truc simple. Où on se moque des contingences. J’aurais voulu décoller plus tôt, mais finalement, j’ai traîné jusqu’à ce que Bob rentre (curieux, alors qu’on s’était préparé à ne pas se revoir avant dimanche, le croiser deux fois, frôlements...)
Et j’ai loupé un truc.
Vacuité.
J’ai peut être loupé cette phrase "Et toi, comment ça va" qu’elle m’a posée en fin de soirée.
Mais Babette monopolise tellement facilement la parole, j’ai pas le réflexe de l’inviter à parler !
Et pourtant, elle me l’a dit, à propos de son collègues J-M aux dents très longues, qui était là comme oreille de la direction : Qu’il fallait pas se taire, c’était un coup à paraître louche, mais qu’il fallait au contraire remplir. Remplir de ce qui n’apprend rien.
Et voilà le résultat des courses.
Avant hier, au téléphone, j’ai eu quelques confidences. Sur leur relation. Sur comment elle le vivait elle. (parce qu’à la fin, n’avoir que la version de Bob, c’est dangereux pour moi, non ?) Et elle m’a proposé qu’on passe la soirée ensemble, j’avais cru comprendre pour en discuter.
Et finalement non.
Sensation d’inutilité.
Juste du détail pratique, sur les aménagements qu’elle a obtenus dans l’appartement. Et puis, sur la stabilité, à la fin, rester très théorique toutes les deux. Je ne souhaite pas la mettre en porte à faux. Je veux juste.
Je sais pas ce que je veux.
J’avais envie d’avoir à nouveau l’envie de l’embrasser. Là.
Mais cette envie là a disparu. Et avec elle une jolie part de curiosité à son sujet. Elle parle, elle comble, j’apprends par hasard plein de choses sur son boulot, ses collègues, ses peurs, sa vision de l’avenir.
Mais rien sur nous.
Rien sur nous deux, rien sur elle et Bob, rien sur nous trois.
Alors je rapatrie des souvenirs.
Comment Tsampa m’a raconté, ému jusqu’à la moelle, cette Babette qui vient chercher compagnie auprès d’un nouveau parce que son compagnon m’embrasse à pleine bouche et qu’elle veut pas nous déranger.
Comment elle m’invite au RHPS, un soir, et m’offre, nous offre, cette surprise, et qu’elle l’a construite pour nous deux (en particulier : elle m’a préparée pour que je sois la plus séduisante pour Bob)
Cette première nuit tous les trois, son organisation, notre volonté commune, et comment nous n’avons pas dormi parce qu’elle est venue de ses mains réveiller nos désirs mutuels.
Nos deux baisers. Le premier avant que je sorte avec Bob, l’autre quand nous allions le retrouver.
Des souvenirs d’une rareté sans pareille, vu que Pémi me coinçait quand même beaucoup au niveau de l’emploi du temps.
Des attentes mises en pause, parce que c’était pas le moment. Pour moi. Pour elle.
Des attentes qui finissent par s’évanouir faute d’avoir été réalisées.
Et une réalité, une responsabilité.
Je ne peux pas la blâmer.
Elle est une preuve que je suis avant tout hétérosexuelle. Que quand Pémi a laissé la place, que Bob a proposé de la prendre, je n’avais aucune autre envie. Tsampa et elle, et d’autres, en ont pâtis.
Nos crises de jalousies mutuelles.
J’aimerais tant qu’on se les raconte.
Car c’est un truc tellement inhabituel, pour nous, la jalousie. Qu’en ressentir nous a surpris profondément. On a même trouvé le moyen de le dire publiquement toutes les deux au café poly. Je suis sûre qu’elle a décortiqué son sentiment autant que moi (si ce n’est plus) et que ce serait intéressant qu’on se partage ça.
Si nous avions envie encore de partager de l’intimité.
(qu’il y a-t-il de plus intime que les sentiments de jalousie autour de l’homme que l’on partage ? )
Je me hais parfois, quand je réalise que la relation entre Babette et Bob n’est pas éternelle, que je serais bien juste avec Bob, qu’on pourrait même s’accorder quelques mois d’exclusivité sans que ça ne me dérange pas trop… Quelques mois d’exclusivité autour d’un couffin…
Babette...
Je suis désolée.
Notre relation n’a jamais vraiment existé sur un mode amoureux, à peine sur un mode érotique. C’était avant tout une complicité, une connivence, une confiance, un plaisir d’intimité.
Mais je n’ai plus envie de continuer.
Je suis fatiguée de tes fragilités, de ne pas savoir y répondre, de ne savoir rien faire d’autre que de constater une énième maladresse de plus.
Je suis fatiguée d’avoir à agir au travers de Bob : ce n’est pas une marionnette que je pourrais commander, même te concernant.
Je suis fatiguée d’aller vers toi et de ne récolter que ce que je perçois comme du remplissage.
Et ce que tu m’as dit sur décembre ne me rassure pas du tout sur l’amélioration de tes mood, tes capacités d’adaptation ou d’improvisation. Sur ma perception à te sentir disponible sur les sujets qui me touchent vraiment.
Tu m’as blessée cet été et je suis en train de renoncer à te le faire savoir. (je sais que tu as été blessée plus que moi, mais cela n’est pas une raison pour ignorer ma propre blessure)
Je suis en train de renoncer à la relation que j’ai avec toi.
J’en aurais toujours une, comme avec Tom. Je répondrais toujours à ton appel, si tu as besoin de moi. Mais l’intimité entre nous s’en va. Et je maintiens très peu ce type de relations.
Rendez-vous en janvier.
Peut être un nouveau départ sera possible.
Mais d’ici là, nous aurons forcément beaucoup changé toutes les deux…