Je tourne la chose dans tous les sens depuis mardi soir.
Mardi soir, où j’ai un rendez-vous téléphonique avec mon amoureux que j’ai pas vu depuis un mois.
Où la conversation commence sur ce que Ese lui a dit sur moi (je croyais que il rentrait, puis se posait, puis m’appelait, j’avais négligé, une fois encore, qu’elle vit chez lui et donc qu’il y avait une conversation entre eux avant, et que, évidement, ils parleraient de moi, quoi de plus normal quand on cohabite ?)
Et où, au bout de deux heures, elle toque à la porte.
Il raccroche puis me rappelle, une demi-heure plus tard.
Et là, j’ai halluciné.
Il m’a dit :
"Ese vient de me faire réaliser que j’ai un comportement égoïste ces derniers temps : on est en rupture, il est probable que garder un contact avec toi ne te permet pas de te libérer, que c’est égoïste de ma part de maintenir ce contact".
J’avais espéré avoir le verbatim, mais cela m’a tellement énervé sur le coup que j’ai pas fini de tout noter et que j’ai répondu sans attendre
J’ai trouvé plusieurs expressions pour qualifier ça.
Les interventions mal venues de Ese.
Ses propos délétères
Elle laisse son subconscient lui dicter un comportement insidieux.
Mal-venu, c’est le contraire de bien-venu, c’est à l’opposé de bienveillance. On me rabbache que Ese a été bienveillante tout ça. Elle ne l’est plus du tout. Après, il n’y a pas ici d’incohérence dans le discours. Il m’a dit plusieurs fois qu’elle avait été d’être bienveillante, toujours, tout le temps, mais que c’est plus possible, tout ça. Peut être que cela me donne la mesure des efforts qu’elle faisait pour moi avant, puisque c’est catastrophique quand elle ne les fait plus.
Je suis juste épatée qu’elle se dise profondément polyamoureuse quand faire preuve de bienveillance lui est si difficile que ça ! !
délétère, c’est un mot qu’on associe aux gaz : c’est un truc qu’on ne sent pas au premier abord, et dont on ne peut pas s’extraire quand on l’a repéré. C’est un truc nocif, qui détruit, corrode. C’est un truc qui met du temps à s’échapper si on agit pas expressement pour qu’il se dissipe.
Ese a suggéré que ça serait mieux qu’Il ne me contacte plus. Moi je répète depuis des mois et des mois que j’ai besoin de contacts, d’informations, de présence. Elle suggère de dégrader la relation encore plus qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Dégrader. C’est un joli mot aussi. J’ai perdu mes grades les uns après les autres. Jusqu’à ce que même un coup de fil soit considéré comme trop.
Insidieux, en dernier. Pour le coté détourné de la chose.
Qu’elle ne soit plus bienveillante parce que j’ai usé toute sa générosité, Ok, je peux comprendre. Qu’elle trouve qu’il passe encore trop de temps avec moi. Ok. C’est son avis, je ne peux pas agir dessus. Et je pense qu’elle a ses raisons tout à fait valables : qu’elle vivrait heureuse avec lui si je n’existais pas (manque de bol, je pense que je vivrais très bien avec lui aussi si elle n’existait pas :) ). Je suis consciente que je pose problème dans son environnement et qu’elle souhaite que je n’y apparaisse plus. N’est-ce pas ce qu’elle m’a dit, qu’elle ne voulait plus entendre parler de moi ?
Donc, elle souhaite qu’Il ne me contacte plus pour elle-même. Il est légitime que chacun agisse dans l’idée d’améliorer son environnement, dans le but d’éliminer une source de malheur. Ok, je peux entendre ce souhait.
Elle pense sûrement également que ce serait mieux pour lui. Elle a dit qu’elle me trouvait toxique pour lui. Elle trouve donc malsain qu’il reste attaché à moi. Elle pense que notre séparation devrait s’appeler rupture, et qu’il devrait couper les ponts. Elle l’aime et souhaite son bien.
Donc, elle souhaite qu’on ne se contacte plus pour lui. C’est encore plus légitime.
Ces deux arguments sont parfaitement entendables.
Mais c’est aucun de ces deux là qu’elle a choisi.
Non, elle a choisi de dire qu’elle pensait que c’était mieux pour moi.
Elle a choisi de mettre en avant une speudo bienveillance, qui voudrait faire croire qu’elle se préoccupe de mon bien-être.
Pourquoi je ne considère pas ça comme bienveillant ?
C’est du prosélytisme : elle sait ce qui est bon pour l’autre et le lui impose sans lui demander son avis.
C’est de l’absence d’écoute : elle ne prend pas en compte tout ce que j’ai pu dire sur mon besoin d’avoir de la considération.
Et pourtant, il a cru que c’était bienveillant.
Et c’est là que je suis convainque qu’il y a comportement insidieux. Dissimulation. Manœuvre. L’argument que c’est bon pour Cendre est fallacieux par rapport aux deux autres qui pèsent (de mon point de vue) bien plus dans le processus de décision d’Ese, mais qui la met beaucoup moins en valeur.
De tous les arguments possibles, elle a choisi celui qui la ferait passer pour la gentille.
Elle est tellement persuasive qu’il me répète naïvement, sans aucun recul sur la chose. Elle le dit, et elle met en avant que c’est pour mon bien, donc c’est vrai.
« Ese vient de me faire réaliser que j’ai un comportement égoïste »
A partir de là, plusieurs choses encore :
au passage, avouer que ce souhait de ma part peut être légitimement perçu comme un « Cendre souhaite leur séparation » pour peu que l’on mette en face la statistique que rare sont les couples qui survivent à une baisse de leur interaction.
Soupire. Mon couple avec lui n’y a pas survécu, en tout cas.
1/ Il n’y a qu’à voir le plaisir que j’ai à relire cette phrase « Je pense que tu ramènes [les propos des autres] à toi, mais que cela ne t’empêche pas de penser à autrui, d’être généreuse [ie : je pense que tu es plus égocentrique qu’égoïste] »
2/ un égoïste est-il quelqu’un qui ne penserait pas à Ese ?
3/ Il faut admettre que la précaution oratoire existe : ce n’est pas Lui qui est taxé d’égoïsme, mais son comportement.
J’aurais fait preuve de trop de sincérité autistique. Là où un peu de pommade aurait été le bien-venu. Pour montrer que mes actes sont bénéfiques à tous. Mais je continue de trouver ça malhonnête…