Les amours de Cendre

238 - de la contrainte à la discipline

mardi 23 juillet 2024 à 10h44

C’était la pleine lune hier (ou presque)
Je l’ai invité à la maison
J’essaye d’écouter mon cœur, c’est pas clair,
Ce qui l’est, c’est une poitrine resserrée, un bas ventre en émoi, une accélération cardiaque dès que je porte mon attention sur ces sensations, avec quelques contractions, des jambes, des intercostaux, du périnée. Voilà ma respiration qui s’accélère, la gorge qui se contracte. Pas besoin d’images, pas besoin de rémanence. Le souvenir physique, la réactivation physique est “en dur”, branchée en direct.
Kink, très vite. Maintenir ses sensations malgré la réunion que j’écoute une réunion en parallèle, joie de mener les deux, de me soumettre à cette contrainte, sentir les mamelons qui se pointent, les lèvres qui se gonflent de sang, la corolle qui palpite, la cyprine qui couvre progressivement les muqueuse.
Contrainte.
Ne pas bouger, tenter de ne pas y paraître, écouter les incompréhensions majeures de mon directeur et mon métier, exiger de mes neurones qu’ils écrive ces mots que tu lis, mais lâcher la bride aux vagues de plaisir qui s’annoncent.
Contrainte.
Mon collègue de l’autre agence est en face de moi. Impossible de fermer mon bureau pour soulager ce que je laisse s’installer. Je devrais garder cette distractions sur les heures qui viennent.

Contrainte
Sa main sur mes poignets.
Depuis l’orgie romaine, défaillir sous cette fermeté, lui faire savoir. Je me souviens du verbatim qui l’en informe : « ta façon de tenir un poignet ». Écrasement des métacarpes. Serre encore. Résister faussement à son poids posé sur mes cuisses, contrainte réelle qu’il produit, qu’il met en œuvre, durcit. Augmenter la pression face à mes tentatives d’échappatoires, immobilisation, soumission corporelle, implacable. Pour mon plaisir. Je lui tends ce poignet dont je ne sais que faire et il l’empoigne, lui donnant une dimension sexuelle dans le jeu kink qui prend une marche supplémentaire. Pour mon plaisir que je lui manifeste en lui en lui rendant cette pression de ma main emprisonnée puis par l’abandon que je lui offre.
La brillance de ses yeux, aucun doute qu’il y trouve son compte, lui aussi.

Suis-je vraiment dans un rôle. Où est-ce que Phœnix-Cendre est, profondément, cette personne qui fond quand on lui impose cette alchimie d’immobilisation physique, de douleur et de plaisir (Remarquer combien les cordes offrent les deux premiers à un niveau très élevé et que le troisième n’y est pas forcément le bienvenu).
Mais ici, avec ce nouvel amant dont la dimension s’épanouit progressivement, se dissoudre. Fondre du plaisir de ne plus réfléchir à comment je dois bouger pour faire plaisir. Je n’ai plus qu’à faire semblant, de temps à autre, de me débattre, afin de checker que mon partenaire est conscient de ce qu’il fait, qu’il le choisit en conscience. Et puis, surtout, me débattre pour accroître la dureté, la prise de contrôle. Et une fois encore, m’abandonner à cette manipulation. Devenir un objet sexuel. Ces objets, comme la fille automate, dont on déclenche le plaisir malgré elle. Dont on contrôle l’excitation comme la frustration.

Bratter pour inciter à plus de fermeté, haleter sous le pied d’un verre, sous une écorce de melon. Observer un regard dur, l’installation du dominateur qui « méprise », prendre en réponse le regard fuyant ou implorant, les gémissements, les mimiques de refus, les orifices contraints que l’on force. Pas d’échappatoire. J’ai le contrôle ton corps, de ton plaisir. Tu n’as plus le choix. Tu es à moi. C’est moi qui décide. « Fait de moi ce que tu veux » (l’expression est connotée chez moi, je ne lui ai pas encore donnée)

J’ai absolument aucune capacité à assumer ça, à produire ça chez mes partenaires, mais il m’arrive d’en fantasmer.
Je pense que je peux raisonnablement présupposer qu’il y prend plaisir.
Ou alors, comme mes grandes oreilles, le faire, le développer, l’amplifier à mesure que j’en manifeste le plaisir que j’y prends.

Accepter que l’on puisse agir, peut-être, uniquement pour la conclusion de la session : des yeux qui brillent, un corps alangui, un sourire mordu, qui se mouille, qui appelle ce baiser qui va réveiller, partiellement, les braises, mes bras qui enserre, mon corps qui se colle. Et en observer la réciprocité. Manifestations explicites de l’intensité de l’expérience, des rebond de plaisirs, de l’envie d’explorer encore, peut être un peu plus loin encore. Explorations.
Tilt !
C’est un explorateur, qui se nourrit de sérendipité,


Bientôt, j’en fantasme, se faire corriger pour des manquements de discipline. J’en ai déjà semé les graines.

Qui est l’amant qui saurait amener ce mélange de discipline, de directives, d’ordres, plus ou moins réalistes, où les irréalisables plongent dans la soumission de la double contrainte de devoir y mettre toute son énergie malgré la correction annoncée d’avance, où, encore plus vicieux, celles réalisables à condition de devoir s’y concentrer, y mettre de l’attention, beaucoup d’attention, (comme écouter mon directeur tout à l’heure). Se voir y mettre un maximum d’énergie, sans trop savoir si on souhaite y arriver où céder à l’excitation galopante et aller chercher la volée promise et d’autant plus méritée par le faible effort qui aurait été fourni. Où celles dont l’intensité sera conditionnelle à la réussite ; ou plutôt à l’ampleur de l’échec.
Savoir que la correction est inévitable, en frémir, tenter de s’y résoudre alors que le corps s’offusque d’avance des outrages qui lui seront fait, de la douleur qui sera imposée au rythme des frappes cinglantes que je devrais compter à haute voix. Frémir de ce qui a déjà été reçu, contenir la panique de ne pas savoir où la cravache s’abattra, où se poseront les lanières du martinet, leurs extrémités mordantes. Frémir sous la badine qui se fait caressante, sous le geste brusque qui n’aboutit pas, Trembler sous l’excitation qui en résulte, calmer sa respiration. Je connais le compte, il n’y est pas, il faut continuer, contenir la panique (ou bien en jouir ?). Tout cela n’est que délais pour faire durcir le mélange d’angoisse et de plaisir. Augmenter la peur par anticipation, jouer de cette frustration oxymore qui accroît l’extase. Je sais que c’est quand je m’y attendrais le moins que l’impact viendra meurtrir mes chairs, ne pouvant retenir un cri sous la vague de douleur qui irradie depuis la zone blessée en surchauffe, en délimiter l’épiderme agressé. Le corps qui s’offusque, son réflexe d’évitement. Le souffle court, revenir progressivement à une perception plus ordinaire de l’environnement pour constater l’impatience du maître générée sans même avoir faire semblant : « J’attend ». Il faut se re-concentrer, très vite, très vite, énoncer le chiffre correspondant au nombre reçu, astreindre ce corps qui s’offusque, non seulement de la dernière morsure mais toutes les zones lésées par les précédentes. Ce corps et ses réflexes de survie, il n’y a plus que lui à soumettre, car tout le reste a déjà été assujetti. Très vite, sous les incitations du dompteur de plus en plus appuyées, devoir se présenter au châtiment qui n’est pas achevé. Courber à nouveau son corps pour montrer sa servitude. Manifester sa docilité. Espérer entendre la satisfaction de mon mentor. Redouter dans le cas contraire, l’expression de sa sévérité.
Car c’est une directive comme une autre. Se soustraire à la punition est une indiscipline en soit, susceptible de conséquences indéterminées.
Se transformer, au delà d’un objet sexuel, au delà d’une esclave. Devenir cet animal qui, même bien dressé et se fait parfois rétif encore. Good girl.
Parce que parfois, il sera content de moi, et saura me flatter les flans en signe de récompense, doubler la crainte de cette joie profonde à lui apporter plaisir

Oui,
mon champ sémantique s’épanoui dans le registre du dressage. C’est un cran en plus de l’éducation.

(Je m’en souviens d’un, d’amant, qui avait pris cette direction, j’ai très longtemps enragé qu’il nous soit pas offert une seconde opportunité d’explorer ce champ qui, manifestement, nous attirait tous les deux)


Une heure et demi de rédaction.
Il se fait tard,
la journée aurait théoriquement être chargée d’autres préoccupation.
Mais comme toujours
Le boulot passe après mes frenésies de plaisir. Car pouvoir les relire importe plus que tout.

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